Les combats de Tu Lê sont une suite d'affrontements qui eurent lieu durant la Guerre d'Indochine du 16 au 23 octobre 1952 dans la région Haut-Tonkin durant lesquels le 6ème Bataillon de Parachutistes Coloniaux du commandant Bigeard s'est opposé aux bodoïs (combattant régulier VM) des divisions 308 et 312 du général Giap.
L'ensemble des combats s'est terminé par un repli héroïque du 6e BCP et des soldats rapatriés des deux postes pris par le Viet Minh, le commandant Bigeard réussissant à ramener pratiquement tous ses hommes.
Ce combat est véritablement à l'origine du "mythe Bigeard", et illustre parfaitement le rôle joué par les unités parachutistes durant la guerre d'Indochine.
Présentation du scénario :
Il y a quelques jours de cela, j'ai pu tester véritablement mon scénario grâce à Fab, un de mes camarades de jeu du club, qui a bien voulu jouer le rôle de cobaye. Une fois encore, je le remercie de m'avoir fait confiance et de bien avoir voulu se prêter à l'exercice.
Ce scénario voit deux forces s'affronter dans un combat en jungle.
Aussi, plusieurs règles viennent modéliser les spécificités de ce théâtre. En voici quelques unes :
- les LDV sont réduites à 1D6+10 pouces;
- les runs sont limités à 1D6+6 pouces;
- la difficulté au tir est de 4+ de base;
- le bonus de tir à très courte portée intervient à 3 pouces, et non 6...
Il se joue avec une règle qui permet de générer un brouillard de guerre : les joueurs commencent la partie en déployant des marqueurs à la place de leurs unités. La nature des unités est révélée lorsqu'elles sont repérées par une unité ennemie.
Je ne m'étends pas sur cet aspect des règles, je vous laisse le découvrir en lisant le scénario.
Mais voyons les forces en présence !
D'un côté, une poignée de parachutistes aguerris qui tentent de rompre l'encerclement.12 unités au volume réduit, mais avec des capacités un peu particulières :
- 2 unités de commandement : le chef de section et son sous-officier adjoint (SOA);
- une grande force morale : les marqueurs pin ne sont pris en compte que lors du tir, ils n'influent pas lors des tests d'ordre ou lors des tests de moral;
- tous les combattants bénéficient de la règle tough fighters : ils peuvent doubler les touches au corps à corps.
Eclatés en petits groupes, ces paras vont devoir réaliser l'impossible... |
De l'autre une redoutable unité viêtminh bien déterminée à anéantir les troupes du corps expéditionnaire.
Cette unité est particulièrement étoffée, outre un chef de section accompagné de 2 bodoïs, elle est composée des unités suivantes :
- 3 équipes d'éclaireurs : 3 combattants dont 2 sont équipés de PM
- 2 MMG qui se déploient dans une position fortifiée
- 5 groupes de combat à 8 combattants, bien pourvus en armes automatiques : 3 PM et 1 FM.
Rompus au combat en jungle, les bodoïs peuvent relancer le D6 lorsqu'ils exécutent un ordre run.
Les éclaireurs, eux, peuvent également relancer le D6 lorsqu'ils déterminent leur LDV.
Des viets impatients d'en démordre... |
Les bruits se sont tus, des intrus sont venus déranger les esprits qui peuplent la forêt... |
Compte rendu de partie :
Nous déployons nos forces, en alternant l'un l'autre jusqu'à ce que toutes les unités soient déployées sur table :
- 18 marqueurs pour mes paras : 12 unités et 6 leurres
- 15 marqueurs pour les viets de Fab : 11 unités et 4 leurres
Alors que Fab déploie ses forces en rideau, avec quelques éléments en second échelon, je déploie les miennes au plus loin de mon bord de table, sur un seul front, mais en constituant 4 blocs :
- bloc nr.1 : le SOA et une unité et 2 leurres;
- bloc nr.2 : des leurres et une unité;
- bloc nr. 3 : le gros de mes forces, constitué par le chef de section, la MMG et 2 unités;
- bloc nr.4 : 3 unités et 1 leurre.
Ma stratégie est assez simple : tout d'abord, attirer l'adversaire en lui laissant croire que mon effort sera porté sur mon flanc gauche, puis faire effort sur mon flanc droit en passant en force.
J'avance donc mes leurres et dévoile une unité, qui va se sacrifier.
Très vite, elle attire des éclaireurs viets qui ne lui laissent aucune chance : leur tir couche aussitôt 2 de mes paras...
Au fond, mon bloc 1 se laisse oublier... |
Face à eux, mes paras tombent sur une équipe d'éclaireurs et un groupe de combat.
Les PM crachent de courtes rafales, les grenades volent, semant la mort dans les deux camps.
Pendant ce temps, le bloc 4 tente de déborder l'ennemi et pousse sur son bord de table.
Une de ses unités vient tout de même aider ses camarades et prend de flanc le groupe de combat viêtminh.
Les unités de tête sont au contact, mais que cachent ces marqueurs ?... |
Peut-être vais-je pouvoir m'établir en bord de table sur le flanc droit et recueillir le gros de mes unités qui pourront décrocher vers moi ?
Isolé, mon para sacrifié vend durement sa peau face à 3 unités du viêtminh... |
Le combat s'intensifie et, même s'il est toujours difficile de déceler l'ennemi sous les frondaisons, les combats sont meurtriers...
Réduit à quelques hommes cloués au sol par les rafales de MAT49, le premier groupe de combat VM craque et abandonne le combat. Un second groupe, pris à partie par la calibre 30, est incapable de manoeuvrer...
Je décide alors de pousser plus sur mon flanc droit et avance mes unités qui tombent... sur un groupe de combat au grand complet !
La surprise est dure et quasiment une unité complète tombe, fauchée par le tir des bodoïs...
La riposte des paras, inefficace, permet tout juste de forcer les viets à cesser les tirs... |
Alors que j'aurai dû faire décrocher le gros de mes forces, je m'entête à engager les groupes viêtminhs qui marchent au son du combat et se joignent à la bataille.
Mes paras résistent vaillamment, mais pourront-ils échapper à l'encerclement ? |
En jungle, les combats se déroulent à courte portée et un combattant isolé armé d'un PM peut être un adversaire redoutable s'il sait profiter des couverts pour s'approcher de sa cible...
La partie va se terminer sur une défaite, puisque seulement 4 unités sur les 12 engagées vont réussir à échapper aux viets : mon SOA et une unité qui ont réussi à s'infiltrer sur le flanc gauche de la table, 2 unités qui combattaient sur le flanc droit et qui, au dernier moment, vont se glisser entre les mailles du filet.
Derrière eux, retentissent encore quelques rafales de mitraillettes et des éclatements de grenades : les paras vendent chèrement leur peau...
Col de Kao Pha, 21 octobre 1952, 1 heure du matin.
Bigeard regarde ses hommes qui finissent de se regrouper. Près de 80 parachutistes manquent à l'appel mais c'est loin d'être terminé ! Le 6ème BPC va encore mener de durs combats, durant 3 jours et sur plus de 70 kilomètres...
Ce scénario peut-être joué sur d'autres théâtres : Pacifique, Birmanie, etc...
Si vous souhaitez le récupérer, il est disponible via ce lien de téléchargement.
Pour conclure cet article, je vous laisse écouter le chant de la 366ème promotion de l'Ecole Militaire Inter-Armes (EMIA), la promotion "combats de Tu Lê".
Superbe rapport de bataille, j'aime beaucoup le texte, et la table est très atmosphérique, une période finalement peu jouée...
RépondreSupprimer